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Cet été, l’arrêt Beauregard des bus 2 et 6 (en direction de la gare) s’est petit à petit transformé en un labyrinthe de mots et de couleurs. En attendant le bus, on est maintenant invités à un voyage dans un Fribourg réinventé.

« VILLE/VIE » notre projet monté dans le cadre du concours L’art foulé du pied lancé par Visarte, a été réalisé durant cet été.

Quand la ville devient vie

Patrick Chauvin a été invité par notre association pour réaliser cette œuvre qui évoque la ville de Fribourg. Le plasticien, fidèle à son amour des mots, de la poésie et de la littérature introduit dans cette évidence, des décalages. Il écrit:

Au premier coup d’œil, nous sommes dans une cohérence de situation. Un arrêt de bus, un temps d’attente, une carte qu’on foule du pied pour indiquer les trajets du bus et les horaires.
La carte n’est pas vraiment une carte et, si elle s’inspire de Fribourg, elle prend beaucoup de liberté avec la trame de la ville, allant jusqu’à la déformer, pour correspondre à la zone d’implantation proposée.
Les tracés des parcours et des avenues sont matérialisés par la répétition du mot VILLE en blanc, accompagnée d’horaires en noir.
Au milieu de ce rationalisme urbain se glisse le second mot: VIE.
S’appuyant sur la résonnance phonétique (VILLE/VIE),
tout à coup, la logique initiale bascule.
Nous passons progressivement d’un plan de ville à une invitation à un autre voyage, celui où ces deux mots nous entraînent:
peut-être une pensée sur le sens des choses, sur la frénésie urbaine, la logique des horaires dans laquelle nous sommes irrémédiablement entraînés, peut-être une rêverie sur la vie elle-même, sur ses enjeux, sur l’importance à accorder aux moments que nous vivons, aux êtres que nous croisons, que nous aimons,
peut-être simplement de faire de ce moment d’attente, un moment suspendu plein d’autres émotions que l’impatience de l’arrivée d’un bus.
C’est le sens de ce qui est proposé aussi graphiquement par l’introduction de la couleur (les trois couleurs primaires jaune/bleu/rouge).
Jaune, soleil pour la VIE. Bleu, la présence de la SARINE, eau joyeuse et vivante chaque fois prête à nous étonner et à nous séduire, et enfin Rouge, pour un cri du cœur, une bascule romanesque. Tout est possible dans ces moments de transhumance.

Article paru dans La Liberté

Rubans de mots à l’arrêt de bus, 18.08.2020, par Stéphanie Buchs


©Alain Wicht - La Liberté